Auto-école - Histoire de la profession partie 3

Histoire de la profession – Permis et réformes 1974–1979

Permis moto et sécurité

La réforme du permis moto débute le 30 décembre 1974. Une circulaire introduit deux épreuves distinctes : une épreuve de maniabilité hors circulation, et une épreuve en circulation avec un inspecteur dans un véhicule suiveur. Ce changement, bien que critiqué à l’époque (un élève seul sur une moto, sans permis), satisfait les inspecteurs soucieux de leur sécurité.

En 1975, le port du casque devient obligatoire en agglomération pour les cyclomotoristes.

Évolution des permis lourds

Le permis C s’obtenait sur un véhicule de 3,5 tonnes et le C1 sur un 12,5 tonnes. En 1975, les manœuvres deviennent obligatoires à l’examen. Le 1er octobre 1978, le permis C doit être passé sur un véhicule de plus de 7 tonnes. Le permis D continue d’être passé sur un camion aménagé jusqu’en octobre 1979, mais n’entraîne plus de droit automatique au permis C. Dès octobre 1979, le permis D s’effectue sur un autocar transportant 28 personnes minimum et mesurant plus de 7 mètres.

Déontologie professionnelle

La notion de déontologie, évoquée dans les années 70, désigne les droits et devoirs de l’enseignant vis-à-vis de l’administration, des élèves et de lui-même. Mais ce code déontologique ne sera jamais formalisé, malgré les discussions.

CSECAOP : instance consultative

Le Conseil Supérieur de l’Enseignement de la Conduite est créé le 20 janvier 1975 par décret. Il rassemble des représentants ministériels, six exploitants et trois salariés élus. En mars 1986, le nombre de représentants salariés passe à six.

Réforme de l’ETG

En mai 1975, douze nouvelles séries de questions audiovisuelles remplacent les anciennes. Les questions éliminatoires sont supprimées, la règle des 35 bonnes réponses est introduite. La même année, les inspecteurs deviennent mensualisés. En septembre 1976, des questions de secourisme sont ajoutées à l’ETG.

Formation par stage

Soutenue dès 1976 par Didier Boda (SNMAE), la formation par stage est perçue comme plus efficace et valorisante. Mais en 1977, le SNESC critique les avantages injustement accordés à ce format. En janvier 1977, une circulaire précise l’encadrement des "stages B" : pédagogie intensive sur plusieurs journées, groupes d’au moins 8 élèves, programme semestriel. Confirmé en août 1977 par Jean Forget.

L’échec du parcours libre

Expérimenté en 1977, le parcours libre consiste à donner au candidat une direction générale sans consignes précises. Mais face au maintien des habitudes des écoles, l’expérimentation est abandonnée.

Naissance de l’ADECA

En 1978, Maurice Pissaruk et d'autres professionnels fondent l’ADECA pour s’opposer aux dérives des permis accélérés en 8 à 15 jours.

Premiers simulateurs

Les premiers simulateurs sont introduits par la société américaine DORON. Ils sont utilisés dans les CESR pour diversifier l’apprentissage.

Quotas et évaluations

En 1977, Jean Forget introduit les convocations quantitatives : plus une école réussit, plus elle reçoit de places. Le système est fondé sur un coefficient tenant compte du nombre de reçus et du taux de réussite. Une commission nationale est proposée en décembre 1977. Mais cette méthode suscite des critiques, remplacée ensuite par la méthode Mayet. La CSP perd alors des sièges au profit de l’ADECA. Certains membres quittent la CSP pour fonder de grands centres (CERS, Auto Campus).

Autres évolutions 1978–1979

En 1978, le taux de réussite à l’épreuve pratique B dépasse 50 %, contre 39 % deux ans plus tôt. L’ETG est réformée : tronc commun audiovisuel valable 5 ans, validité de la réussite portée à 2 ans. La politique d’accueil s’améliore avec la construction d’abris pour les candidats. En septembre 1978, des restrictions sont imposées aux stages peu efficaces, et l’inscription des stagiaires doit être transmise deux mois à l’avance.

Statistiques sociales

Fin 1978, on dénombre 10 871 salariés dans les auto-écoles (dont 4 318 femmes), pour 3 806 employeurs. En juin 1979, les salaires bruts moyens sont : 2 011 F pour un employé d’accueil, 2 340 F pour une secrétaire, 2 674 F pour un moniteur et 4 680 F pour un directeur.

Mensualisation

Le 1er septembre 1979, les chefs d’entreprise bénéficient d’une couverture mensuelle. Le calcul se base sur un taux horaire multiplié par 40 heures, puis par 4 1/3 semaines.

Mouvements sociaux

Du 13 au 15 juin 1978, les moniteurs se mettent en grève pour une revalorisation salariale. En août, une question parlementaire pointe la crise de recrutement. En mars 1979, le SNESC dénonce l’usage de main-d'œuvre non déclarée.

Réforme du permis B

Une réforme est expérimentée : une première partie se déroule sur une aire privée avec manœuvres seul au volant ; la seconde, en circulation, est encadrée à distance par un inspecteur en liaison radio.

Stages B : succès et limites

Les premiers stages B voient le jour dès août 1978, à l’initiative de l’ECF au Castellet. Les élèves apprennent seuls sur piste, guidés par radio. Ils circulent ensuite par groupes de trois, alternant les rôles au volant. Le succès est immédiat, les plannings se remplissent, les délais s’allongent. Mais la forte médiatisation attire aussi un public fragile. La qualité baisse dans certains centres. Certains exploitants lancent des stages sans réelle pédagogie. En 1978, sur 528 000 permis B délivrés, seulement 0,86 % l’ont été à l’issue d’un stage.

Regards internationaux

Un bulletin californien souligne l’avance du Japon en matière de formation : 30 heures de théorie, 27 heures de pratique dont 17 hors circulation. Le coût est élevé pour les élèves, mais la rigueur est au rendez-vous. En comparaison, les États-Unis — et par extension la France — semblent en retard, notamment sur les volumes horaires de formation.

Hommage à Jacques TAVERNIER

Jacques Tavernier, décédé en juillet 1977, a été l’un des grands formateurs de la Prévention Routière à Montlhéry. Conseiller d’orientation, pédagogue, il a formé des centaines de moniteurs et influencé durablement la manière d’enseigner la conduite. Michel Roche lui rend hommage en soulignant son apport essentiel à une conduite plus responsable et à l’émergence d’une pédagogie moderne.


🗂️ Tableau récapitulatif des dates clés (1974–1979)

Date Événement
30 déc. 1974 Réforme du permis moto en 2 épreuves
1975 Casque obligatoire cyclomoteurs en ville
20 janv. 1975 Création du CSECAOP
Mai 1975 Nouvelles séries ETG + mensualisation inspecteurs
Sept. 1976 Secourisme à l’ETG
1976 Lancement de la formation par stage
Janv.–août 1977 Encadrement des stages B par circulaire
1977 Expérimentation du parcours libre
1977 Introduction des quotas (méthode Forget)
Déc. 1977 Proposition d’une commission nationale
1978 Création de l’ADECA + simulateurs Doron
Avril 1978 Taux de réussite B dépasse 50 %
Sept.–oct. 1978 Encadrement des stages + nouvelles obligations
13–15 juin 1978 Grève des moniteurs
Août 1978 Question parlementaire sur la crise de recrutement
Août 1978 Premier stage B (ECF Castellet)
Mars 1979 SNESC dénonce travail dissimulé
1er sept. 1979 Mensualisation des chefs d’entreprise
Oct. 1979 Réforme permis D sur autocar + fin équivalence avec C