Auto-école - Histoire de la profession partie 1

Histoire De profession - Naissance de l'automobile

De l’Antiquité à l’Ancien Régime

Circulation dans la Rome antique

Dans la Rome antique, la circulation était déjà encadrée par des règles précises. Certaines artères n’étaient praticables que dans un seul sens, ce qui constitue un ancêtre des sens uniques actuels. La loi Julia Municipalis, instaurée en 45 av. J.-C., interdisait aux véhicules de transporter des marchandises durant les dix heures précédant le crépuscule, afin de limiter l’encombrement des rues.

Un édit de 1607 renforça ces mesures en interdisant de jeter ou répandre sur la voie publique toute substance nuisible à la salubrité, à la sécurité ou à la commodité de la circulation. La circulation était donc pensée, dès cette époque, comme un enjeu collectif mêlant hygiène et fluidité.

Vitruve, architecte romain de l’époque d’Auguste, évoque la Rheda dans son traité De Architectura. Ce carrosse de voyage possédait un ingénieux système de roues à engrenage qui permettait de mesurer la distance parcourue : une sorte de compteur primitif, témoignage d’un souci de précision déjà bien ancré.

Premiers transports publics

Au XVIIe siècle, Blaise Pascal invente un système de transport collectif : les carrosses publics, appelés omnibus, tirés par des chevaux. Ces véhicules circulaient dans Paris à partir de 1672 et rencontrèrent un grand succès avant de disparaître quelques années plus tard, en 1678. Par la suite, il fallut attendre 1828 pour qu’une nouvelle tentative réussisse avec l’introduction des omnibus modernes, autorisés par le préfet de police M. de Beleymme.

Pour populariser ce mode de transport, la duchesse de Berry se prêta même à un pari insolite : effectuer un trajet en omnibus à travers Paris, pari qu’elle remporta haut la main.

Naissance des taxis

Dès 1783, les voitures de place sont officiellement réglementées. Elles évolueront avec le temps pour devenir des voitures à taxamètres, puis des taximètres, et enfin les taxis que nous connaissons aujourd’hui. Cette transformation progressive illustre l’adaptation de la réglementation aux nouvelles technologies de mesure.

La conduite à droite

L’habitude de circuler à droite remonte aux diligences et chaises de poste. Les postillons montaient le cheval de gauche pour mieux guider l’attelage de la main droite, une configuration dite "à l’Aumont". Lors des croisements, il devenait logique de se ranger à droite pour éviter les accrochages, d’où une pratique encore largement répandue aujourd’hui.

Le XIXe siècle : vers une réglementation

Premières réglementations

Au début du XIXe siècle, les autorités commencent à structurer la circulation des véhicules hippomobiles. La loi du 28 pluviôse an VIII (17 février 1800) en est un exemple précoce, suivie de plusieurs arrêtés en 1800 et 1802. En 1802 également, la loi du 29 floréal an X introduit les premières contraventions liées à la circulation sur les grandes routes.

Le code des voitures à cheval

La loi du 30 mai 1851 pose les bases de la police du roulage et des messageries, véritable préfiguration du code de la route appliqué aux voitures à cheval. L’année suivante, une loi fixe la largeur maximale des véhicules à 2,50 mètres, une mesure qui est restée en vigueur jusqu’à nos jours. En 1836 déjà, une taxe sur les chevaux et voitures destinés au transport de personnes avait été instaurée.

Barrières de dégel

En 1863, l’administration met en place les barrières de dégel. Cette mesure interdit la circulation de véhicules trop lourds sur certaines routes fragilisées par le gel. Les contrevenants risquaient de voir leurs chevaux saisis et mis en fourrière dans une auberge, sur décision préfectorale.

Les chevaux vs l’automobile

En 1896, la France comptait seulement 100 automobiles contre plus de 10 000 chevaux tirant des fiacres à Paris. En 1925, seuls 44 chevaux étaient encore utilisés pour ce service, illustrant le déclin rapide de la traction animale au profit du moteur.

Naissance de l’immatriculation

À partir du 10 mars 1899, toute mise en circulation d’un véhicule doit être déclarée à la préfecture. En 1901, les plaques d’immatriculation sont normalisées. Le document associé est de couleur grise, d’où le nom de carte grise.

Vitesse et affichage

La limitation de vitesse apparaît en 1899 avec un seuil de 30 km/h en rase campagne. Deux ans plus tard, une obligation d’affichage sur les plaques d’immatriculation permet d’identifier les véhicules pouvant dépasser cette vitesse.

Les taxes automobiles

Les premières taxes automobiles voient le jour en 1901. Elles sont calculées selon la puissance du véhicule et le nombre de places. En 1930, la taxe est remplacée par une taxe sur l’essence, avant d’être réintroduite en 1956 sous forme de vignette.

Au fait :
Le mot "automobile" était au masculin jusqu’au décret du 10 septembre 1901. Il est encore masculin aujourd’hui en allemand.

Le premier code de la route (1921)

Le 27 mai 1921, un décret établit le premier code de la route. L’année suivante, la largeur maximale des véhicules est définitivement fixée à 2,50 mètres.

Les premiers conducteurs et la formation

De Cugnot au certificat de capacité

Nicolas-Joseph Cugnot est considéré comme le premier conducteur français. En 1873, Amédée Bollée père reçoit la première autorisation de circuler pour un véhicule à moteur mécanique. En 1893, le préfet Lépine crée un certificat de capacité permettant de conduire une automobile. Le décret du 10 mars 1899 étend cette obligation à l’échelle nationale. En 1922, ce certificat est remplacé par le permis de conduire, délivré par un expert agréé.

Les premiers moniteurs

Les premiers moniteurs étaient souvent des garagistes qui formaient leurs clients à la conduite lors de l’achat du véhicule. Les frères LABRID, à Carcassonne, sont un exemple notable de cette époque. Durant la Première Guerre mondiale, les soldats profitaient de leurs permissions pour passer le permis, espérant ainsi être affectés au transport des troupes plutôt qu’aux tranchées.

Les premières auto-écoles (1917–1920)

En 1917, l’établissement Versigny voit le jour à Paris, Porte Maillot. Créé par un Suisse pour les besoins de l’armée, il devient une auto-école emblématique. Les cours de code y étaient donnés dans une salle de cinéma. Dans les années 1920, de nouvelles écoles voient le jour, comme celle fondée par M. Roux, avec des points d’inscription dans des cafés. En 1922, l’Union Nationale des Associations de Tourisme se voit confier l’organisation du permis.

Une professionnalisation progressive (1925–1930)

En 1925, les écoles de conduite se multiplient sans encadrement réglementaire. Des commerçants de tout horizon pouvaient se proclamer moniteurs. Les cours étaient sommaires : quelques leçons, un fascicule, et un examen très court, souvent mené par un ingénieur des Mines. Certains témoignages, comme celui de l’Almanach Vermot ou de M. Menu, décrivent cette époque comme une transition improvisée vers une conduite plus encadrée.

Premiers conseils de conduite (années 1930)

En 1930, les premiers conseils de conduite sont publiés, notamment via l’Agenda Vermot. Le code exigeait deux systèmes de freinage indépendants : un frein à main progressif et un frein à pied plus brutal. Le bon usage des freins permettait un arrêt efficace tout en préservant la mécanique du véhicule.

L’automobile dans la société (1925–1969)

Poids économique et accidents

En 1925, l’automobile emploie 400 000 ouvriers en France. Cette même année, 13 000 morts sont recensés sur les routes, pour 350 000 blessés. À l’échelle mondiale, on comptait 25 millions de voitures en 1928, dont près de 20 millions aux États-Unis.

Évolutions sociales et symboliques

Les congés payés apparaissent en 1936, accompagnés de l’adoption des phares jaunes pour différencier les véhicules français des allemands. Le permis se féminise peu à peu : en 1939, 80 000 femmes le demandent. En 1969, on atteint le million de permis délivrés.

Certaines villes introduisent aussi des taxes locales, comme celles sur le stationnement ou la traversée de ville.


🗂️ Tableau récapitulatif des dates clés

🏺 Antiquité

Date Événement
45 av. J.-C. Loi Julia Municipalis : interdiction des livraisons en journée dans Rome.
1607 Édit sur la salubrité publique : interdiction de jeter des déchets sur la voie.
Antiquité Invention de la Rheda : carrosse équipé d’un compteur mécanique de distance.

🚎 Transports publics & taxis

Date Événement
1672 Pascal crée les carrosses publics (omnibus), retirés en 1678.
1783 Réglementation des voitures de place, ancêtres des taxis modernes.
1828 Autorisation préfectorale pour les omnibus modernes à Paris.

🚖 Réglementations et techniques

Date Événement
1800 Loi encadrant les voitures hippomobiles.
1836 Taxe sur les chevaux et voitures transportant des passagers.
1851 Loi sur le roulage : début de la réglementation du trafic.
1852 Largeur maximale des véhicules fixée à 2,50 mètres.
1863 Création des barrières de dégel pour protéger les routes fragiles.

🚗 Automobile & permis

Date Événement
1873 1re autorisation pour un véhicule motorisé (Bollée père).
1893 Certificat de capacité à conduire un véhicule à moteur.
1896 100 automobiles vs 10 000 chevaux à Paris.
1898 Création d’une taxe automobile + démonstration de Renault.
1899 Obligation d’immatriculation + certificat national (carte rose).
1901 Normalisation des plaques + indication de vitesse sur les véhicules.
1901 Automobile devient féminin par décret (encore masculin en allemand).
1921 Premier code de la route mis en place par décret.
1922 Permis remplace le certificat, délivré par expert agréé.
1925 Multiplication d’auto-écoles non réglementées.
1930 Instauration de la vignette automobile.
1936 Congés payés + adoption des phares jaunes pour différenciation.
1939–1969 Explosion du nombre de permis : 80k femmes en 1939, 1 million en 1969.