Matrice GDE
La matrice GDE, Qu'est ce que c'est :
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Définition du sigle GDE
Le sigle GDE signifie Goals for Driver Education, que l’on peut traduire par “Objectifs pour l’éducation des conducteurs”.
La matrice GDE est un modèle théorique développé pour structurer la formation des conducteurs en vue d’améliorer la sécurité routière. Elle propose une hiérarchie des objectifs éducatifs, allant des compétences techniques de base à des niveaux plus abstraits, comme les valeurs personnelles et sociales qui influencent les comportements de conduite.
Les 5 niveaux de la matrice GDE
1. Maîtrise du véhicule (niveau opérationnel) : Capacités techniques et motrices nécessaires pour contrôler le véhicule (freinage, accélération, direction).
2. Gestion des situations de circulation (niveau tactique) : Capacité à percevoir les risques dans des situations spécifiques et à réagir de manière appropriée (respect des distances, anticipation des dangers).
3. Choix des trajets et contexte (niveau stratégique) : Décisions concernant les trajets (horaire, itinéraire, état du conducteur) et leur impact sur la sécurité.
4. Facteurs personnels (niveau contextuel) : Influence des émotions, du stress, des attitudes et de l’expérience sur les décisions de conduite.
5. Valeurs et styles de vie (niveau existentiel) : Impact des croyances, des valeurs, et du mode de vie sur la conduite et les comportements au volant.
Origine et histoire
La matrice GDE a été développée dans les années 1990 par des chercheurs scandinaves, notamment Keskinen, Hatakka, Katila, et Laapotti. Ces travaux s’inscrivent dans une volonté de réduire les accidents de la route en proposant un modèle éducatif qui prenne en compte non seulement les compétences pratiques, mais aussi les comportements et les attitudes des conducteurs.
Ce modèle s’inscrit dans une approche systémique de la sécurité routière, en reconnaissant que la maîtrise technique ne suffit pas pour garantir une conduite sécurisée. La matrice met également en avant l’importance des choix individuels et des influences sociales.
Pourquoi la matrice GDE est importante ?
Elle est utilisée comme une base pour :
Structurer les formations des conducteurs.
Identifier les lacunes dans les compétences ou attitudes des conducteurs.
Favoriser une approche proactive et préventive dans l’enseignement de la conduite.
Intégrer des dimensions personnelles et sociales dans les programmes de sécurité routière.
En tant qu’enseignant, elle vous aide à transmettre non seulement des compétences pratiques, mais aussi à sensibiliser les élèves à leur responsabilité sociale sur la route.
L'approche hiérarchique des comportements
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L'approche hiérarchique des comportements de conduite envisage les comportements du conducteur selon 5 niveaux. Cette approche permet de redéfinir la conduite automobile à partir d'une reconnaissance de la complexité d'actions de conduite dépassant la simple maîtrise du véhicule et des situations : « L'idée qui sous-tend une approche hiérarchique est que l'échec, de même que la réussite, aux niveaux les plus élevés affectent les exigences de compétence aux niveaux les plus bas ».
L'approche spécifique des comportements : éléments généraux d'explication
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Le comportement au volant, du conducteur novice, est rarement envisagé par rapport à la formation, sauf pour reconnaître l'acquisition des compétences liées aux niveaux « inférieurs » de la matrice : ce conducteur saurait manœuvrer le véhicule conformément à ce qu'il a appris ; ce conducteur ne maîtriserait pas les niveaux supérieurs de la matrice par rapport auxquels il n'y a pas encore de formation satisfaisante.
Le comportement du conducteur novice est alors délié des problématiques strictes de sécurité routière : « L'accident des jeunes n'est pas un problème de sécurité routière proprement dit, mais celui du style de vie des jeunes ».
L'accident des jeunes conducteurs, sous prétexte que la formation initiale est encore toute fraîche, aurait donc moins de rapport avec les compétences liées à la manipulation des véhicules et à la maîtrise des situations de circulation qu'avec les caractéristiques psychologiques du conducteur.
Les facteurs de risques identifiés
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- Sexe (exposition au risque, style de conduite...)
- Différences géographiques (exposition au risque, besoins de transport, pourcentage de personnes ayant leur permis...)
- Style de vie (intérêt pour les voitures, toxicomanie, problèmes comportementaux...)
- Position sociale (niveau d'études, fonction...)
- Personnalité (recherche de sensations, test des limites, prise de risques délibérée)
- Capacité à réfléchir (aux conséquences de son propre comportement)
- Pression des pairs (dans et en dehors de la voiture)
- Alcool (consommation d'alcool lors de fêtes, dépendance à l'alcool)
- Fatigue (conducteurs professionnels, jeunes conducteurs)
- Heure (soirées et nuits durant le week-end)
- Ceintures de sécurité
- Habitude (automatisation, charge mentale, recherche visuelle...)
- Intégration à la circulation (coopération, règles informelles...)
- Excès de confiance (évaluation des risques, processus de socialisation des jeunes, manque de retour sur soi, jugements tranchés)
- Excès de vitesse (accidents isolés, perte de contrôle, blessures)
- Utilisation du mobile en conduite, temps de réponse, occupation de la charge mentale
La matrice GDE englobe l'ensemble de ces notions et propose une grille de lecture différenciée des risques.
Niveau 5 : Pressions sociétales, économiques et politiques (niveau existentiel)
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A5 : Connaissances et capacités
Connaissances et prise de conscience de la manière dont les pressions sociétales, politiques et économiques influencent le comportement au volant :
- Influence des médias
- Influence des lobbies
- Influence des conditions de travail
- Influence des agendas sociaux
B5 : Facteurs d'accroissement du risque
Risques liés à :
- Influence de la publicité
- Influence des stéréotypes
- Influence de la fatigue, du stress lié au travail
- Manque de visibilité et d'application des mesures de sécurité routière
C5 : Autoévaluation
Autoévaluation/Conscience de :
- Sensibilité personnelle à ces influences
Niveau 4 : Projets de vie et aptitudes à la vie en général (niveau contextuel)
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A4 : Connaissances et capacités
Connaissances / contrôle de la manière dont les prjets de vie et les tendances personnelles influencent le comportement au volant:
- Style/Conditions de vie
- Normes du groupe des pairs
- Motivations
- Maîtrise de soi et autres caractéristiques personnelles
- Valeurs personnelles
B4 : Facteurs d'accroissement du risque
tendance au risque:
- Acceptation personnelle du risque
- Valorisation personnelle pour la conduite automobile
- Recherche de sensations fortes
- Exposition à la pression sociale
- Usage d'alcool ou de drogues
- Valeurs et attitudes par rapport à la société
C4 : Autoévaluation
Autoévaluation/Conscience de :
- Compétences personnelles de contrôle de ses propres valeurs
- Motivations allant à l'encontre de la sécurité
- Habitudes personnelles vis-à-vis du risque
Niveau 3 : Objectifs de la conduite automobile et contexte social par rapport aux déplacements (niveau stratégique)
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A3 : Connaissances et capacités
Connaissances et capacités concernant :
- Impact des objectifs du déplacement sur la conduite
- Préparation et objectifs du voyage
- Effets de la pression sociale à l'intérieur du véhicule
- Évaluation de la nécessité du déplacement
B3 : Facteurs d'accroissement du risque
Risques lié à :
- État du conducteur (humeur, alcoolémie, etc.)
- Motif du déplacement
- Environnement de conduite (rase campagne/urbain)
- Contexte social et compagnie
- Autres motivations (compétition, etc.)
C3 : Autoévaluation
Autoévaluation, conscience de :
- Capacités personnelles de planifier
- Objectifs spécifiques du conducteur
- Motivations typiques de la conduite à risque
Niveau 2 : Maîtrise des situations de circulation (niveau tactique)
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A2 : Connaissances et capacités
Connaissances et capacités concernant :
- Règles de circulation
- Perception/observation de la signalisation
- Anticipation de l'évolution des situations
- Adaptation à la conduite
- Communication
- Trajectoire de conduite
- Organisation du trafic
- Distance aux autres, marges de sécurité
- etc
B2 : Facteurs d'accroissement du risque
Risques provoqués par :
- mauvaises prévisions
- style de conduite qui accroît les risques, par exemple: agressif
- adaptation inadequate de la vitesse
- usagers vulnérables
- comportements imprévus, non respectueux des règles
- conformation surabondante
- conditions difficiles, obscurité
- automatisme insuffisant des capacités,
- etc
C2 : Autoévaluation
Autoévaluation, conscience de :
- points forts et faibles des capacités élémentaires
- style personnel de conduite
- marges de sécurité personnelles
- points forts et faibles dans les situations à risque
- comportements imprévus, non respectueux des règles
- autoévaluation réaliste
- etc
Niveau 1 : Maniement du véhicule (niveau opérationnel)
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A1 : Connaissances et capacités
Connaissances et capacités concernant :
- Contrôle de la direction et de la position
- Sculpture des pneus et adhérence
- Propriétés du véhicule
- Phénomènes physiques
B1 : Facteurs d'accroissement du risque
Risques liés à:
- Insufisance des capacités ou des automatismes
- Adaptation inadequate de la vitesse
- Conditions difficles (faibles adhérences etc.)
- etc
C1 : autoévaluation :
Conscience de:
- Points forts et faibles des capacités élémentaires relatives au maniement
- Points forts et faibles des compétences dans des situations imprévues
- Autoevaluation réaliste
- etc
Arrêté du 13 Mai 2013 relative à la matrice GDE
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Arrêté du 13 mai 2013 relatif au Référentiel pour l'Éducation à une Mobilité Citoyenne
Référentiel pour l'Éducation à une Mobilité Citoyenne
JORF n° 0129 du 6 juin 2013 (NOR: INTS15086204)
Le ministre de l'intérieur,
Vu le décret n° 2013-77 du 24 mai 2012 relatif aux attributions du ministre de l'intérieur,
Vu l'arrêté du 5 mars 1991 modifié relatif à l'exploitation,
Vu l'arrêté du 29 avril 2013 fixant les dates de l'examen du brevet pour l'exercice de la profession d'enseignant de la conduite des véhicules à moteur et de la sécurité routière,
Vu l'arrêté du 18 février 2002 modifié fixant les conditions de reconnaissance d'équivalence des titres, diplômes ou certificats d'enseignant de la conduite des véhicules à moteur et de la sécurité routière délivrés par les États appartenant à l'Union européenne et à l'Espace économique européen,
Vu l'arrêté du 22 décembre 2009 relatif à l'apprentissage de la conduite des véhicules à moteur de la catégorie B dans un établissement d'enseignement agréé,
Vu l'arrêté du 2 mai 2010 relatif aux conditions d'exercice de la profession d'enseignant de la conduite automobile et de la sécurité routière,
Vu l'arrêté du 29 avril 2013 fixant les dates de l'examen du brevet pour l'exercice de la profession d'enseignant de la conduite automobile et de la sécurité routière de la session 2014,
Arrête :
Article 1
Les matières et programmes relatifs à l'éducation et à la formation dans les domaines de la sécurité et de la circulation routières sont définis conformément au référentiel pour l'éducation à une mobilité citoyenne annexé au présent arrêté.
Article 2
Les programmes de formation mentionnés à l'article R. 213-4 du code de la route sont élaborés conformément à ce référentiel.
Article 3
L'arrêté du 5 mars 1991 susvisé est modifié ainsi qu'il suit :
1° L'article 7 est ainsi rédigé :
"Art. 7 - L'enseignement dispensé doit être conforme au référentiel pour l'éducation à une mobilité citoyenne (REMC) et, le cas échéant, aux programmes de formation fixés par arrêté du ministre chargé de la sécurité routière."
2° À l'article 8, les mots : « R. 123-2 » sont remplacés par les mots : « R. 211-3 » et les mots : « ministre chargé des transports » sont remplacés par les mots : « ministre chargé de la sécurité routière ».
3° L'article 8 est ainsi modifié :
- le premier alinéa et le 6° sont abrogés;
- le dernier alinéa est remplacé par la phrase suivante : « Pour l'enseignement de la conduite des véhicules dont le poids total autorisé en charge (PTAC) n'est pas 3,5 tonnes, des motocyclettes et des motocyclettes légères, l'enseignant procède à une évaluation du niveau de l'élève en préalable à la formation. »
4° L'article 10 est abrogé.
Article 4
L'arrêté du 18 février 2002 susvisé est ainsi modifié :
1° À l'article 6, les mots : « ministre chargé des transports » sont remplacés par les mots : « ministre chargé de la sécurité routière ».
2° À l'annexe 2, les mots : « programme national de formation à la conduite » sont remplacés par les mots : « référentiel pour l'éducation à une mobilité citoyenne défini par arrêté du ministre chargé de la sécurité routière ».
Article 5
L'arrêté du 23 janvier 1989 relatif au programme national de formation à la conduite est abrogé.
Article 6
Les dispositions des articles 1 à 5 du présent arrêté entrent en vigueur à compter du 1er juillet 2014.
Pour l'accomplissement de l'ensemble des opérations de la session 2014 de l'examen du brevet pour l'exercice de la profession d'enseignant de la conduite automobile et de la sécurité routière (BEPECASER), le programme national de formation à la conduite fixé par l'arrêté du 23 janvier 1989 demeure le document de référence.
Article 7
Le préfet, délégué à la sécurité et à la circulation routières, est chargé de l'exécution du présent arrêté, qui sera publié au Journal officiel de la République française.
Introduction Générale
Accéder à l'usage de la route nécessite une démarche éducative exigeante dont les enjeux en termes de sécurité routière sont de première importance.
Dans le cadre des objectifs de sécurité routière fixés au niveau européen, la France a obtenu une baisse significative de la mortalité routière. Toutefois, compte tenu du nombre encore important de victimes sur les routes, l'effort engagé doit être poursuivi, notamment par le renforcement de l'éducation.
Ainsi, de grands enjeux éducatifs portent particulièrement sur :
- L'accidentalité des jeunes de 14 à 25 ans;
- L'accidentalité liée à l'usage de deux-roues motorisés;
- La sécurité des usagers vulnérables;
- La lutte contre l'usage de substances psychoactives associé à la mobilité;
- La poursuite de la baisse des vitesses moyennes enregistrées;
- La mobilité durable et citoyenne;
- Le risque routier professionnel;
- Le vieillissement de la population.
L'évolution des connaissances, des comportements et du contexte sociétal dans le domaine de l'insécurité routière justifie un référentiel de compétences qui constitue le socle commun de tout programme d'éducation et de formation.
Le référentiel pour l'éducation à une mobilité citoyenne concerne principalement les enseignants qui, de l'âge de la maternelle à la phase de l'après-permis, peuvent participer de près ou de loin à l'éducation à l'usage. Il s'agit donc de pédagogues de l'éducation nationale, de différents milieux associatifs et parascolaires, et des professionnels de l'enseignement de la conduite et de la sécurité routière.
L'objectif général est d'amener tout usager de la route à la maîtrise de compétences en termes de savoir-être, savoirs, savoir-faire et savoir-devenir.
Ce référentiel se veut une vue d'ensemble, aussi exhaustive que possible, des compétences qu'un usager responsable doit acquérir. Les étapes d'acquisition de ces compétences sont définies dans des programmes spécifiques d'éducation, de formation ou de sensibilisation.
Dans le présent référentiel, on entend par le terme « compétence » :
- « La mobilisation ou l'activation de plusieurs savoirs, dans une situation et un contexte donnés » (Le Boterf, 1995);
- « Un ensemble stabilisé de savoirs et de savoir-faire, de conduites-types, de procédures standards, de types de raisonnements [...] » (De Montmollin, 1984).
En matière d'organisation pédagogique, l'approche par compétence intègre et complète la pédagogie par objectifs (PPO) afin de mettre en synergie les domaines didactiques, de donner du sens aux apprentissages et de pérenniser les acquis.
L'approche par les compétences fait référence à la matrice GDE (Goals for Driver Education). En effet, plusieurs pays européens ont déjà amélioré, sur ce principe, leur système de formation et d'examen. Celle-ci est reconnue par l'ensemble des experts et acteurs de la formation travaillant dans le champ de l'éducation routière en Europe comme permettant d'impulser une modification en profondeur des démarches éducatives visant à réduire le risque accidentel des usagers de la route.
Ce référentiel s'articule autour de quatre compétences globales :
- Assumer personnellement ses responsabilités citoyennes, juridiques et sociales;
- Utiliser un véhicule à moteur de façon autonome, rationnelle et en sécurité;
- Préparer ses trajets et conduire le véhicule dans les situations de circulation simples ou complexes;
- Prendre en compte les facteurs entraînant une dégradation du système homme-véhicule-environnement, prendre les décisions qui permettent d'y faire face, mettre en œuvre les mesures préventives.
Ces compétences présentent des échanges différents et complémentaires de l'usage de la route avec des énoncés d'objectifs pédagogiques dans les domaines didactiques classiques : cognitif, psychomoteur, sensorimoteur et socioaffectif.
Les sous-compétences associées n'ont pas été définies en termes d'objectifs afin de préconiser et de permettre leur traitement à tous les niveaux de la matrice GDE.
Pour chaque apprentissage, les critères et indicateurs de performances sont définis dans les programmes de formation spécifiques par le système formation/évaluation.
Les enseignants abordent les niveaux supérieurs de la matrice GDE concernant les projets et aptitudes à la vie, les objectifs et intentions en matière de conduite automobile ainsi que le contexte social dans lequel s'exercent la conduite et les déplacements. Ils transmettent les connaissances et les capacités nécessaires à développer les items travailleurs concernant les objectifs existentiels, le style et les conditions de vie, les valeurs personnelles, la connaissance de soi, l'estime de soi, la maîtrise de soi et de ses émotions, l'altruisme, la recherche de sensations et les conduites à risque, la résistance à la frustration, le fait d'être exemplaire, la préparation des déplacements, les précautions sociales et l'influence des pairs, le rapport aux groupes, le rapport à la règle, la capacité attentionnelle, l'autonomie et la prise de décision, l'autoévaluation, etc.
Dans le cadre du présent référentiel, les méthodes, moyens et cheminements pédagogiques sont librement choisis par l'enseignant et adaptés à chaque apprenant.