Les voiturettes : phénomène en hausse, sécurité en baisse ?

Les voiturettes : des voitures sans permis et sans code !

Les voiturettes, aussi appelées voitures sans permis, sont aujourd’hui de plus en plus nombreuses sur nos routes. Elles attirent un public jeune, dès 14 ans, sans obligation de passer le code de la route.
Un détail ? Pas vraiment. Une incohérence, peut-être. Un non-sens, sûrement.

Une voiture… sans permis ?

Certes, une voiturette est limitée à 45 km/h. Mais les professionnels de la conduite le savent : à cette vitesse, les conséquences d’un accident peuvent être graves, voire fatales.
Alors comment expliquer que le code de la route, indispensable pour conduire une voiture classique, devienne optionnel à 45 km/h dans un autre véhicule ?
Est-ce que le code de la route protège uniquement au dessus de 45km/h ?
Dans les zones urbaines, où se concentre la majorité du trafic, des piétons et des cyclistes, c’est précisément là que l’on devrait être le mieux formé.

Le code pour les véhicules… mais pas pour les conducteurs ?

Cela revient à dire que la règle s’applique à l’objet, mais pas à l’humain. Une situation absurde si on y pense deux minutes.

Le continuum éducatif : une belle idée… à ne pas trahir

Le continuum éducatif en sécurité routière est un principe fort : éduquer dès le plus jeune âge, et tout au long de la vie. Il offre une vision cohérente, progressive, humaine.
Et la voiturette, ainsi que la formation AM, en font pleinement partie.
Mais encore faut-il que cet apprentissage soit structuré, accompagné et renforcé, plutôt que superficiel et déconnecté des réalités de la route.

Sinon, le risque est grand que ce bel outil éducatif devienne un alibi.
Un peu comme offrir des livres à des enfants sans vraiment leur apprendre à lire.
L’intention est là, mais le résultat peut être tragiquement vide de sens.

Tous sur la même route, mais pas avec les mêmes règles ?

Les voiturettes, tout comme les cyclistes, les usagers d’EDPM (engins de déplacement personnel motorisés) ou les utilisateurs de transports légers, intègrent pleinement le réseau routier.
Ils en partagent les règles, les dangers, les enjeux.
Ils interagissent avec les voitures, les poids lourds, les piétons, dans un flux complexe de circulation.

Dès lors, une question s’impose :
Ne devrions-nous pas tous être à l’aise avec le code de la route non pas le code du véhicule, quel que soit notre véhicule ?
La sécurité est une responsabilité partagée. Et pour partager, il faut comprendre les mêmes règles.

La vitesse tue… même à 45 km/h

On entend souvent dire que "la vitesse tue". Mais à partir de quelle vitesse commence-t-on à être dangereux ?
Les statistiques sont claires : des accidents mortels surviennent même à 30 ou 40 km/h, surtout en cas de choc avec un piéton ou un cycliste.
Alors pourquoi continuer à penser que 45 km/h est une "petite" vitesse ? Parce que c’est lent comparé à une autoroute ? Pas pour un piéton traversant la rue.

Ne pas être alarmiste, mais lucide

Il ne s’agit pas de diaboliser les voiturettes, ni leurs conducteurs.
Il s’agit de dire que former, informer, accompagner est indispensable.

La formation AM est un premier pas, mais est-elle suffisante ?
Pourquoi ne pas imaginer une sensibilisation continue, adaptée à l’âge et à l’expérience, jusqu’au passage du permis B ?
L’idée n’est pas de rajouter des contraintes, mais d’aider à grandir, à mieux comprendre les enjeux de la route, et à déjouer les pièges des mauvaises influences.

Une expérience de terrain qui interpelle

En tant que futur professionnel, j’ai accompagné plusieurs jeunes ayant conduit en voiturette avant leur formation au permis.
Le constat est récurrent : ils doivent non seulement apprendre à conduire un véhicule plus complexe, plus encombrant, plus puissant, plus compliqué, mais aussi désapprendre des habitudes nocives.
Pied au plancher, téléphone en main, posture désinvolte… Ce ne sont pas des exceptions, mais des réalités.

Une vraie question à se poser

Sommes-nous en train de former les futurs conducteurs ou bien de rattraper les conséquences d’un système permissif ?
Si l’on croit vraiment que la sécurité routière commence par l’éducation, alors la voiturette ne peut pas rester une zone floue.


Des comportements à risque souvent observés chez les jeunes utilisateurs de voiturettes

Voici une liste non exhaustive de situations ou pratiques qui peuvent induire des mauvaises habitudes de conduite dès le plus jeune âge :